mercredi 30 novembre 2016

"Gravitation et quanta", par Jacques Solomon (1938)








Jacques Solomon (1908-1942)

"Georges Politzer", par Nicole Racine (2010)

Georges POLITZER 

Né le 3 mai 1903 à Nagyvarad (Hongrie, devenue Oradea-Mare en Roumanie), fusillé comme otage le 23 mai 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine)  ; professeur agrégé de philosophie  ; membre du Parti communiste depuis 1929 ; philosophe marxiste.


Georges Politzer en 1935, en chef d’orchestre
Cliché fourni par la famille Cattanéo



Politzer parmi les professeurs du lycée Marcellin Berthelot
Il est au deuxième rang, 4e à partir de la gauche. On reconnait au dernier rang Léopold Senghor.



Maï Politzer

Né dans une famille juive hongroise assimilée, Georges Politzer arriva Paris à dix-huit ans pour suivre des études supérieures. Son père, médecin de canton, fonctionnaire de l’ancienne Hongrie, exerça d’abord en Slovaquie, puis dans un petit centre industriel, non loin de Budapest. En 1918, à l’âge de quinze ans, encore au lycée de Szeged, le jeune Georges adhéra au Parti communiste, « adhésion purement sentimentale », écrivit-il dans l’autobiographie qu’il rédigea pour la commission des cadres en novembre 1933  ; il y affirma que l’attitude « autoritaire » de son père vis-à-vis des paysans et des ouvriers avait eu une influence décisive sur ses premières révoltes sociales. Lors de la Commune hongroise, Georges Politzer travailla à l’hôtel de ville de Szeged et suivit les révolutionnaires lors de l’évacuation de la ville. Après l’échec de la Commune il ne fut pas inquiété. 

Ayant achevé ses études secondaires en 1921, il quitta la Hongrie pour Paris et s’inscrivit à la Sorbonne. Dénué de ressources, il fut aidé par l’Association des étudiants protestant et par le professeur Eisenmann qui lui fit attribuer une bourse de l’instruction publique. En 1922-1923, il obtint un prêt de la Jewish Colonial Association (ICA). En 1923, il réussit la licence de philosophie et l’année suivante soutint son diplôme d’études supérieures. Il fut naturalisé français en 1924. À la Sorbonne, il se lia avec d’autres étudiants en philosophie, Pierre Morhange*, Henri Lefebvre*, Norbert Guterman* qui lui fit connaître le mathématicien Mandelbrojt. Lefebvre, très proche de Politzer jusqu’en 1929, a évoqué dans La Somme et le reste, le climat d’effervescence intellectuelle dans lequel ils firent leurs études et l’état d’esprit qui les rapprocha : refus du rationalisme dominant la Sorbonne incarné par la philosophie de L. Brunschvicg, mépris pour la philosophie de pure intériorité de Bergson, quête de nouveau, désir de faire aboutir une « révolte de l’esprit ».

Ces refus et ces exigences sont la source de l’aventure du groupe et de la revue Philosophies lancée en mars 1924, avec le parrainage de Max Jacob, à l’initiative de Morhange qui faisait un peu figure de chef. Dans le groupe « Philosophies », Georges Politzer, au physique vigoureux, la chevelure rousse, de tempérament violent, jouait un rôle original  ; c’était « peut-être le plus doué, mais le plus bizarre, le plus outrancier » écrit Henri Lefebvre qui rappelle aussi la « grande voracité intellectuelle » de Politzer, ses « éclairs de génie théoriques ». L’« aura » de Politzer venait aussi de ses liens avec les événements révolutionnaires hongrois. Enfin Politzer, contrairement à ses camarades, avait lu Sigmund Freud. Séjournant à Vienne avant de rejoindre Paris, il avait suivi les séminaires de la Société psychanalytique. « Il avait adopté la psychanalyse avec un sectarisme spontané » (H. Lefebvre) et pratiquait l’auto-analyse  ; un de ses premiers articles fut consacré la psychanalyse (« Le mythe de l’anti-psychanalyse », Philosophies, mars 1925). Georges Politzer suivit l’évolution du groupe que P. Morhange conduisit à un rapprochement avec d’autres groupes d’avant-garde à l’occasion de la guerre du Rif. Les membres du groupe « Philosophies » signèrent avec les rédactions de Clarté et de la Révolution surréaliste l’appel aux intellectuels d’H. Barbusse (L’Humanité, 2 juillet 1925). La rédaction du manifeste commun « La Révolution d’abord et toujours » (L’Humanité, 21 septembre 1925) concrétisa ce rapprochement, exprimant la fois un esprit de révolte radical et la reconnaissance de « la forme sociale de la Révolution ».

Ce rapprochement, malgré ses avatars (échec du projet de revue commune, La Guerre civile, rupture entre Breton et Morhange en raison de l’affirmation par celui-ci d’un certain spiritualisme) marqua une étape sur le chemin qui conduisit la plupart des membres de « Philosophies », à adhérer au Parti communiste en 1929. Cependant l’échec d’une action commune marqua ce qu’Henri Lefebvre appelle la fin du « prophétisme » et des manifestes, le retour des préoccupations plus philosophiques. Le groupe lança une nouvelle revue, L’Esprit (deux livraisons, mai 1926 et janvier 1927). Georges Politzer et Henri Lefebvre, se cherchant une filiation, se mirent d’accord sur Schelling  ; le premier traduisit de l’allemand les Recherches philosophiques sur l’essence de la liberté humaine, auxquelles le second donna une longue préface (Rieder, 1926).

Politzer s’affirmait alors « post-révolutionnaire », légitimant le matérialisme historique sur le plan de l’action (L’Esprit, mai 1926). En octobre 1925, Politzer fut nommé professeur délégué au lycée de Moulins (Allier). En 1926, il réussit l’agrégation de philosophie. Il fut nommé professeur au lycée de Cherbourg (Manche), puis enseigna Evreux (Eure), Saint-Maur-des-Fossès (Seine, Val-de-Marne) au lycée Marcelin Berthelot.

Durant toute la période où il fut professeur de l’enseignement secondaire (1926-1939), il milita dans le syndicalisme enseignant aux côtés de Jean Bruhat, Jean Baby, Auguste Cornu, Maurice Husson. En 1929, Politzer participa avec ses amis, P. Morhange, P. Nizan,. Georges Friedmann, N. Guterman l’aventure de la Revue marxiste (n° 1, février 1929), rendue possible par les fonds fournis par Friedman qui permirent la création d’une maison d’édition, « Les Revues », éditrice de La Revue de psychologie concrète, confiée à G. Politzer. Patronnée par Ch. Rappoport, alors en disgrâce au sein du parti, mais respecté pour sa connaissance du marxisme. La Revue marxiste se donna pour but de faire connaître le marxisme comme « méthode de recherche et d’action révolutionnaire », tout en gardant son indépendance vis-à-vis du parti.

Première revue théorique marxiste en France, la revue naquit paradoxalement au moment où, comme le rappelle H. Lefebvre, se mettait en place la stalinisation idéologique du marxisme. Georges Politzer collabora à la Revue marxiste sous le pseudonyme de Félix Arnold, y donnant dès le premier numéro un article sur Matérialisme et Empirio-criticisme de Lénine, puis des comptes rendus critiques sur Au-delà du marxisme d’H. de Man en avril 1929. Cependant, ainsi que le souligna H. Lefebvre dans L’Existentialisme, Georges Politzer faisait en 1929 un peu « cavalier seul », s’intéressant essentiellement à la psychologie et à la psychanalyse  ; il se proposait de « désubstantifier » certains concepts comme celui de l’inconscient freudien. En 1928, il publia sa Critique des fondements de la psychologie où il développa l’idée d’une psychologie concrète, et qui voulait être le premier volume de Matériaux pour la critique des fondements de la psychologie qui ne virent jamais le jour. En février et juillet 1929, parurent deux numéros de La Revue de psychologie concrète fondée par Georges Politzer. En deux substantiels articles (republiés dans Écrits II) il étudiait la crise actuelle de la psychologie et de la psychanalyse et cherchait à fonder une psychologie nouvelle, la psychologie concrète. Il ne craignait pas de polémiquer avec A. Hesnard, l’un des pionniers du freudisme en France. 1929 fut également l’année où Politzer publia, sous le pseudonyme d’Arouet alors qu’il effectuait son service militaire, La fin d’une parade philosophique le bergsonisme, critique de la métaphysique et de la psychologie bergsoniennes. Georges Politzer, à mesure qu’il adoptait le marxisme, prenait conscience des impasses théoriques auxquelles conduisait la « psychologie concrète » qu’il avait envisagée à travers la critique de la psychologie classique et sa lecture de Freud.

Politzer, par la suite, dénia toute valeur scientifique à la psychanalyse et condamna non sans sectarisme, toute tentative de concilier marxisme et psychanalyse  ; il attaqua le « freudo-marxisme » dans Commune (novembre 1933, article repris dans Écrits II). En 1939, après la mort de Freud, il dressa l’acte de décès de la psychanalyse, dans le dernier numéro de La Pensée, sous le pseudonyme de Th. W. Morris (repris dans Écrits II).

Lors de la crise de la Revue marxiste qui allait entraîner sa disparition, Georges Politzer se rangea ainsi que Paul Nizan* et Jean Fréville , du côté de la discipline de parti, face à P. Morhange et N. Guterman qui la refusèrent. « Nous qui sommes inexpérimentés comme militants et comme théoriciens, devons faire confiance au parti. Et fini "l’avant-garde" (lettre P. Nizan, 29 août 1929, publiée par A. Cohen-Solal). Ce fut Politzer qui informa le parti de l’affaire de l’argent des « Revues » joué la roulette de Monte-Carlo. Les noms de Politzer et Nizan sont absents du dernier numéro de la revue en août-septembre 1929  ; Morhange et Guterman sont exclus du parti (L’Humanité, 24 octobre 1929). Politzer abandonna la Revue de Psychologie concrète. Les relations de G. Politzer et de H. Lefebvre, nouées sous le signe de la recherche philosophique, s’altérèrent à mesure que le premier faisait le choix d’un militantisme intellectuel qui le conduisit à défendre une conception du marxisme que le second qualifiait d’« économisme ». Une brouille entre les deux amis survint au moment de la publication en 1936 de La Conscience mystifiée, écrit par H. Lefebvre en collaboration avec N. Guterman et centré sur la notion d’aliénation. Georges Politzer accusait cet ouvrage de « complicité avec l’ennemi ».

Dans La Somme et le reste, H. Lefebvre rappela que dans les années trente, « on ne reconnaissait dans le marxisme français qu’une science, ou qu’un marxisme réduit à une seule science l’économie politique. Moyennant quoi Georges Politzer, un sectaire et un saint capable de subir le martyre, abandonna son œuvre de psychologie et de psychologue pour laquelle il était génialement doué » (p.41). Après une crise intérieure dont témoigna Henri Lefebvre, G. Politzer en vint, en effet, à dénier toute valeur scientifique à la psychologie. L’abandon par Politzer de ses recherches en psychologie, le fait qu’il se consacra essentiellement à l’économie politique et à la vulgarisation du marxisme pose à l’évidence de nombreuses questions. G. Politzer se crut-il obligé de devenir économiste parce que marxiste militant comme le pense Henri Lefebvre ? Le Parti communiste qui manquait d’économistes le poussa-t-il dans cette voie ?

Dès le début de sa vie militante, G. Politzer fut intégré dans l’appareil du parti. Il entra d’abord au Bureau de documentation de la CGTU, sur la recommandation de Julien Racamond qui parla de ce jeune agrégé de philosophie, plein de bonne volonté, au responsable de cet organisme, Albert Vassart. Politzer se révéla « comme un travailleur infatigable », à la productivité considérable comme le rappela A. Vassart dans ses mémoires. En septembre 1931, lorsque Vassart revint au secrétariat, Politzer resta au Bureau dont il enrichit les dossiers à destination des militants du parti et de la CGT.

Ainsi le Bureau politique le chargea-t-il le 2 mars 1933 de préparer un dossier sur la politique du Parti socialiste, puis le 30 mars suivant, de rassembler la documentation sur André Tardieu. Jacques Duclos demanda à Politzer de réunir la documentation au moment de l’arrestation de Ernst Thaelmann. Le 8 mai 1933, le secrétariat le chargea de préparer avec Joanny Berlioz des dossiers sur l’activité du Parti communiste allemand avant et après l’arrivée de Hitler, afin de riposter aux critiques des trotskistes (Bibliothèque marxiste de Paris, dépouillement de Anny Burger).

Responsable de la commission économique du comité central, il publia un nombre considérable d’articles sur des sujets économiques et sociaux dans Les Cahiers du bolchevisme, l’Humanité. Il enseigna la philosophie à l’Université ouvrière fondée en décembre 1932. Il figure au sommaire du Cours de marxisme (1ère année 1934-1936), publié par le Bureau d’éditions en 1937, avec un cours sur l’État. Un ouvrage posthume, Les Principes élémentaires de philosophie, publiés par les Éditions sociales en 1948, grâce aux notes prises par l’un de ses élèves durant l’année 1935-1936, permet de se rendre compte de la volonté pédagogique de Politzer. Cet ouvrage, plusieurs fois réédité, fut durant longtemps le manuel philosophique de base des militants (Guy Besse et Maurice Caveing en donnèrent une version développée en 1954, sous le titre de Principes fondamentaux de philosophie).

Jean Bruhat peut, à juste titre, dans ses mémoires souligner que ce manuel donne une vision simplifiée de la pensée de G. Politzer  ; il n’en reste pas moins que celui-ci développait la version stalinisée du marxisme régnant alors dans le mouvement communiste et copiait, comme le remarque J. Milhau, le modèle des écoles du PC (b) de l’URSS.

Au printemps 1935, Étienne Fajon, responsable des écoles du parti, chargé de constituer une section d’éducation auprès du Comité central s’adressa à G. Politzer et à J. Solomon, professeurs à l’Université ouvrière. À partir d’avril 1935, Georges Politzer fit un cours à l’école élémentaire de Gennevilliers puis à l’école centrale du parti installée à Arcueil. Le local en avait été trouvé par son épouse Maïe Politzer (Marie Lacarde), ancienne sage-femme, militante communiste depuis octobre 1930 et alors secrétaire du maire Marius Sidobre. Il assura les cours de philosophie dans la session de six mois dont la première eut lieu de février à août 1937. Il devint l’ami personnel de Fritz Glaubauf.

Responsable de l’École centrale, E. Fajon rapporte qu’au début de son enseignement, Politzer avait heurté des élèves « faute d’avoir contrôlé son naturel caustique » ! De leur côté, Politzer et Solomon ne manquaient pas de reprocher à Fajon sa propension au simplisme ! J. Bruhat qui professait également à l’École centrale d’Arcueil rapporta que le formalisme de l’enseignement dispensé irritait souvent Politzer. Membre de l’AEAR, G. Politzer fut chargé de tirer les conclusions de l’enquête de Commune « Pour qui écrivez-vous ? » en juin 1934 et de défendre une ligne de relative ouverture en direction des intellectuels bourgeois. Il se révéla d’une orthodoxie sans faille, dénonçant comme trahison toute critique vis-à-vis de l’URSS (voir son article sur De la Sainte Russie à l’URSS. de G. Friedmann, Cahiers du bolchevisme, mai-juin 1938).

G. Politzer menait toutes ses tâches militantes, enseignement, journalisme, documentation, avec un sens de la discipline et de sacrifice relevé par tous ceux qui l’ont connu. La fin des années trente marqua cependant pour Georges Politzer le retour à une réflexion d’ordre plus philosophique. Selon le témoignage de J. Bruhat, ce fut M. Thorez qui demanda à Jacques Duclos* de libérer les intellectuels invitant, dans l’intérêt du parti, à les rendre à leur tâche de spécialistes. G. Politzer contribua en 1937 à l’hommage rendu par le Parti communiste à Descartes pour le tricentenaire du Discours de la méthode. En 1938, il traduisit avec J. Solomon la Dialectique de la nature de F. Engels. Il participa à la fondation du Groupe d’études matérialistes qui se réunissait dans le bureau de P. Langevin, à l’École de Physique et Chimie, rue Vauquelin et dont le but était d’étudier l’apport du marxisme aux sciences. Il appartint naturellement à l’équipe qui lança, dans le prolongement de ce groupe, la revue La Pensée, « revue du rationalisme moderne » (n° 1, juin 1939). C’est à l’affirmation d’un rationalisme moderne, issu de Descartes et de la philosophie des Lumières, que G. Politzer se consacra, en accord avec le parti dont il disait qu’il était "le parti de la Raison militante" (« La Philosophie des Lumières et la pensée moderne », écrit pour le 150ème anniversaire de la Révolution française, Cahiers du bolchevisme, juillet 1939). Son article dans le premier numéro de La Pensée, « La Philosophie et les mythes » (Écrits I) fut essentiellement consacré à dénoncer le retour offensif de l’obscurantisme, sous la forme du racisme théorisé par Alfred Rosenberg mais il était également sans indulgence pour les courants philosophiques qui lui semblaient raviver l’irrationalisme (Bergson, Heiddeger, Le Senne, G. Marcel).

Mobilisé en 1939, G. Politzer fut affecté comme caporal dans l’intendance à l’École militaire. Après sa démobilisation en août 1940, il fut, avec J. Solomon et J. Decour, à l’origine de la résistance universitaire et intellectuelle communiste, en lançant dès l’automne 1940 le périodique clandestin, l’Université libre, puis en février 1941 La Pensée libre. L’idée de toucher et d’organiser les universitaires revint à G. Politzer. P. Villon a rappelé qu’après sa démobilisation, G. Politzer avait fait connaître ses projets à J. Duclos, notamment celui de l’envoi d’une lettre « boule de neige » aux universitaires  ; P. Villon, chargé par Jacques Duclos* de servir d’intermédiaire entre la direction clandestine et Politzer, a attesté qu’à la veille de son arrestation le 8 octobre 1940, il avait discuté avec G. Politzer, J. Solomon et J. Decour du projet d’un journal destiné aux universitaires. Le lancement de l’Université libre décidé donc avec l’accord du parti, se fit dans le contexte du mouvement de protestation né de l’arrestation de P. Langevin par les Allemands le 30 octobre 1940.

Le premier numéro de l’Université libre, daté de novembre 1940, sortit en même temps que l’appel du parti « Aux intellectuels du parti » dont on peut penser, comme l’écrit R. Bourderon, qu’il a été largement inspiré et rédigé par Politzer (Cahiers de l’IRM,.n° 14, 1983). Les premiers numéros de l’Université libre, à l’automne 1940, rédigés exclusivement par G. Politzer, J. Solomon, J. Decour, se distinguaient par un ton nettement antifasciste, notamment par la dénonciation de l’antisémitisme de Vichy et de l’occupant. En revanche, l’appel « Aux intellectuels français » dans lequel on reconnaît des thèmes chers à Politzer (lutte contre l’obscurantisme au nom des idéaux des Lumières) se plaçait clairement dans le cadre des analyses sur la guerre impérialiste, analyses reprises dans l’Université libre en 1941. La Pensée libre se voulait l’héritière de La Pensée de 1939  ; elle se réclamait du marxisme et exaltait le système soviétique l’éditorial du premier numéro qui exprimait la volonté de faire entendre la voix de la pensée française interdite, puis la publication dans le numéro deux (janvier 1942) du manifeste des écrivains de la zone occupée annonçaient les Lettres françaises, ouvertes à tous les écrivains résistants, que préparait J. Decour à la veille de son arrestation. Ce fut dans le premier numéro de la Pensée libre (février 1941) que Politzer publia, sous le pseudonyme de Rameau, sous le titre L’obscurantisme au XXème siècle, une réponse à la conférence d’Alfred Rosenberg à la Chambre des Députés en novembre 1940, première version de Révolution et contre-révolution au XXe siècle. Réponse à Sang et Or d’Alfred Rosenberg, qui parut en brochure clandestine, éditée par le parti communiste, fin 1941, tirée à 10 000 exemplaires et même traduite en allemand. D’après R. Bourderon qui a présenté ces écrits clandestins de 1941 (Politzer contre le nazisme), Georges Politzer aurait fait part de son projet de riposte à Rosenberg, dès décembre 1940, à Arthur Dallidet* qui en aurait informé Jacques Duclos* et Benoît Frachon* une réunion à quatre aurait eu lieu en janvier ou février 1941 dans un immeuble de la rue Thureau-Dangin (XVe arr.) qui communiquait avec celui où habitait Jacques Duclos*. Une autre brochure clandestine intitulée L’antisémitisme, le racisme, le problème juif, éditée par le Parti communiste en 1941 et qui est parfois attribuée à Politzer, ne serait pas de lui.

D’après l’historiographie communiste, ancienne et récente, G. Politzer aurait été chargé par Benoît Frachon*, responsable de la direction clandestine, de transmettre le 6 juin 1940 à Anatole de Monzie, membre du gouvernement, les propositions du Parti communiste pour la défense de Paris. Le texte original de ces propositions — dont la première mention se trouve, dans un tract de 1943 — n’a jamais été retrouvé. Un des derniers témoins vivants de cette affaire, Mounette Dutilleul* a confié son récit à D. Peschanski qui le transcrit ainsi : « Le ministre A. de Monzie, lors de la campagne de France, aurait posé à un proche du savant Paul Langevin* la question de l’attitude des communistes en cas de menace contre Paris. Il aurait aussi formulé le désir de rencontrer Marcel Cachin* ou un autre dirigeant du Parti. L’information parvient à Politzer, alors mobilisé à l’École militaire, qui la transmet à Frachon par l’intermédiaire de Mounette Dutilleul*. Avec Politzer qu’il a fait chercher, et Arthur Dallidet*, Frachon rédige la lettre dite du 6 juin dans laquelle sont indiquées les propositions du PCF. Cette lettre remonte la filière, mais personne ne sait depuis lors ce qu’elle est devenue... » (L’Histoire, n° 60, octobre 1983). Dans L’épilogue des Communistes (mai-juin 1940) paru en 1951, Aragon a raconté cette démarche de Politzer (qu’il avait par ailleurs évoqué dans le roman sous les traits de Michel Felzer), en faisant de J. Solomon l’intermédiaire entre de Monzie et Politzer alors mobilisé à l’École militaire (dans la postface à la seconde édition des Communistes, parue en 1966, Aragon qui avait décrit dans la première version le personnage correspondant à Solomon sous un pseudonyme, lui redonne son identité il disait tenir la version des faits de Politzer lui-même lors d’une rencontre en 1941).

Georges Politzer qui vivait sous de faux papiers aux noms de Jean Aguerre et de Destruges (archives du ministère des Anciens Combattants) fut arrêté le 15 février 1942, avec sa femme Maïe, à leur domicile rue de Grenelle, pour infraction à l’interdiction du Parti communiste. D’après le rapport de police cité par P. Durand dans son ouvrage sur Danielle Casanova, celle-ci, en relations étroites avec le couple Politzer, a été arrêtée, le même jour, dans l’escalier alors qu’elle se rendait à leur domicile. Les arrestations ont été effectuées par des inspecteurs de la Brigade spéciale (BS).

Dans Le Crime contre l’esprit, paru en 1943 (puis repris dans L’Homme communiste, 1946), qu’Aragon entreprit d’écrire après l’exécution des otages de Châteaubriant, à partir de témoignages de militants, il consacra plusieurs pages à G. Politzer : « G. Politzer passa ces mois enchaîné du début de mars au 23 mai précisément ». P. Villon se fit aussi l’écho des tortures subies par Politzer.

« Arrêtés, tous deux [Georges et Maïe] ont eu une attitude héroïque devant leurs bourreaux ils n’ont cédé ni aux tortures physiques, ni aux menaces ni aux offres déshonorantes de récompense », précise l’attestation du 24 octobre 1949 délivrée par le ministère des Anciens Combattants et des Victimes Civiles de la Guerre.

Remis aux autorités allemandes le 20 mars 1942, G. Politzer fut fusillé comme otage, le 23 mai 1942 au Mont-Valérien (Suresnes), le même jour que Georges Dudach, J. Solomon, Jean-Claude Bauer, Marcel Engros. Dans Brocéliande, poème à clefs, paru en décembre 1942 dans Les Cahiers du Rhône, Aragon évoqua le souvenir du philosophe aux cheveux roux. Dans un discours prononcé à Alger, le 31 octobre 1943, « Clairvoyance de la pensée française », le général de Gaulle cita le nom de Politzer « fusillé par l’ennemi » parmi les noms de ceux qui parmi « les plus grands » sauvèrent « la dignité de l’esprit ». Maïe Politzer partit de Romainville le 23 janvier 1943 pour Auschwitz dans le même convoi que Marie-Claude Vaillant-Couturier, Hélène Solomon, Charlotte Delbo. Danielle Casanova la fit entrer comme médecin au revier (« infirmerie »). Elle mourut le 6 mars 1943 du typhus. La nouvelle de la mort de Danielle Casanova et de Maïe Politzer à Auschwitz parvint en France à l’été 1943 grâce à une lettre de Marie-Claude Vaillant-Couturier.

La mention mort pour la France fut accordée à G. Politzer le 15 octobre 1945, à Maïe Politzer, le 18 mai 1946. Un certificat d’appartenance à la Résistance intérieure française, au titre du mouvement Front national, leur fut accordé par le secrétariat d’État aux forces armées en 1950 après le rapport du liquidateur du mouvement.

Cependant à la suite d’une demande de Hélène Larcade, mère de Maïe et tutrice de l’enfant de Georges et de Maïe, Michel (né en 1933), pour l’obtention du titre d’interné résistant pour Georges Politzer et de déporté résistant pour Maïe, le ministère des Anciens Combattants et des Victimes Civiles de la Guerre refusa par deux fois cette qualité aux époux Politzer (décision du 25 janvier et du 21 juin 1954). Arguant du fait que les faits à la base de leur arrestation étaient d’ordre essentiellement politiques et ne pouvaient être qualifiés d’actes de résistance à l’ennemi, la Commission nationale des déportés et internés résistants ne retint que le statut et le titre de résistant et déporté politique. Cette décision provoqua des protestations (notamment d’Henri Wallon* qui écrivit le 9 avril 1954 à Joseph Laniel, président du Conseil) et fit l’objet d’une question écrite de A. Malleret-Joinville* à la Chambre des députés le 13 mai 1954. À la suite d’une requête de Hélène Larcade, le Tribunal administratif de Paris annula, dans un jugement rendu le 5 juin 1956, les précédentes décisions du ministère, reconnaissant à Georges et Maïe Politzer la qualité d’interné et déporté résistants  ; le jugement admit qu’il y avait relation de cause à effet entre leur activité de résistance et leur arrestation et que l’action de Georges Politzer comme celle de sa femme avait un caractère indéniable de résistance intellectuelle. Une rue Georges et Maïe Politzer fut inaugurée dans le XIIème arr. de Paris le 20 novembre 1999.

La fécondité des premiers travaux de G. Politzer sur la psychanalyse fut reconnue dès les lendemains de la guerre par des esprits aussi différents que M. Merleau-Ponty et J. Lacan. Celui-ci, en particulier, parla dès 1946 de la marque ineffaçable laissée par Politzer. Au sein du PC, des textes de Politzer furent parfois utilisés pour justifier la condamnation de la psychanalyse (voir la Nouvelle Critique, juin 1949) : Louis Althusser fut le premier en 1965 à saluer les intuitions de Politzer, tout en en marquant les limites. La réédition des textes de Politzer (Écrits II, 1969) redonne au philosophe, assassiné à l’âge de 39 ans, sa place historique dans la réflexion sur la psychanalyse.
Oeuvres


ŒUVRE CHOISIE :

* Traduction de Schelling, Recherches philosophiques sur l’essence de la liberté humaine, Rieder, 1926.

* Critique des fondements de la psychologie, I. La Psychologie et la psychanalyse, id., 1928.

* La fin d’une parade philosophique le bergsonisme, Les Revues, 1929.

* Cours de marxisme (1935-1936), Bureau d’éditions, 1936 (en collaboration).

* Les grands problèmes de la philosophie contemporaine, id., 1938. (Les Cours de l’Université ouvrière).

* Révolution et contre-révolution au XXe siècle, réponse à or et sang de M. Rosenberg, Parti communiste français [1941].

* La Crise de la psychologie contemporaine [préf. de J. Kanapa], Éd. Sociales, 1947. 

* Le Bergsonisme, une mystification philosophique. [avertissement de J. Kanapa], id., 1947.

* Principes élémentaires de philosophie. [préf. de M. Le Goas], id., 1946 (nombreuses rééditions). 

* G. Politzer, Guy Besse, Maurice Caveing, Principes fondamentaux de philosophie, id., 1954.

* Écrits I. La Philosophie et les mythes [textes réunis par J. Debouzy], Éditions sociales, 1969.

* Écrits II. Fondements de la psychologie

* La Fin d’une parade philosophique, le bergsonisme, J.-J. Pauvert, 1967.

* Politzer contre le nazisme. L’obscurantisme au XXème siècle. Révolution et contre-révolution au XXème siècle. Textes clandestins présentés par R. Bourderon, Messidor, 1984.

* L’antiséminisme, le racisme, le problème juif, 76 p. , imprimé en France, novembre 1941.


SOURCES :

* Arch. PPo. 393.

* Arch. Komintern, RGASPI, dossier personnel de Georges Politzer (communiqué par Denis Peschanski).

* Arch. du Ministère des anciens combattants et des victimes civiles de la Guerre.

* BMP, microfilm n° 313 [dépouillement Anny Burger].


* A. Vassart, Mémoires inédits.

* La Pensée, n° 1, octobre-décembre 1944.

* P. Naville, Psychologie, marxisme, matérialisme, essais critiques, Rivière, 1946.

* Henri Lefebvre, L’Existentialisme, Le Sagittaire, 1946.

* Aragon, L’Homme communiste I. (Le crime contre l’esprit, écrit en février 1943), Gallimard, 1944.

* Aragon, Les Communistes, La Bibliothèque française, 1951 [réédition R. Laffont, 1966-67]. 

* Henri Lefebvre, La Somme et le reste, La Nef de Paris, 1959, 2 vol.

* La Pensée, n° 98, 1961 (témoignage de Pierre Daix). 

* Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Éd. de Minuit, 1965.

* Cl. Angeli et P. Gillet, Debout ! partisans, Fayard, 1970.

* J. Milhau, « G. Politzer ou le retour philosophique », La Pensée, mai-juin 1972.

* Lucien Sève, « Politzer et nous »  ; J. Milhau, « G. Politzer ou la raison militante », Cahier de l’Institut M. Thorez, n° 27, mai-juillet 1972.

* Marie-Élisa Nordmann-Cohen, « Naissance de l’Université libre », Les enseignants. La lutte syndicale du Front populaire à la Libération [dir. P. Delanoue], Éd. sociales, 1973.

* Fernand Grenier, C’était ainsi... (1940-1945), id., 1974.

* L. Alexandre, « Freud et Politzer », Europe, n° 539, mars 1974.

* Georges Cogniot, Parti pris, t. 1, Éd. sociale, 1976.

* É. Fajon, Ma vie s’appelle liberté, R. Laffont, 1976.

* Annie Cohen-Solal [en collaboration avec Henriette Nizan], Paul Nizan* communiste impossible, Grasset, 1980.

* L. Gronowski-Brunot, Le dernier grand soir. Un juif de Pologne, Le Seuil, 1980.

* Élisabeth Roudinesco, La Bataille de cent ans. Histoire de la psychanalyse en France, Ramsay, 2 vol., 1982 et 1986.

Front populaire, antifascisme, résistance. Le PCF (1938-1941), Cahiers de l’IRM, n° 14, 1983.

* B. Daubigney, La Psychanalyse et les lettres françaises, 1919-1929, Th., Paris VII, 1983.

* J. Bruhat, Il n’est jamais trop tard, A. Michel, 1982.

* P. Villon, Résistant de la première heure..., Éd. sociales, 1983.

* Ph. Robrieux, Histoire intérieure du Parti communiste, t. IV, Fayard, 1984.

* D. Peschanski, « L’Été 40 du Parti communiste français », L’Histoire, octobre 1983.

* Denis Huisman, Dictionnaire des philosophes, 2 vol., 1984.

* Nicole Racine-Furlaud, « L’Université libre (nov. 1940-déc. 1941) », Les communistes français de Munich à Châteaubriant (1938-1941) [dir. J.-P. Rioux, A. Prost, J.-P. Azéma », PFNSP, 1987.

* M. Trebitsch, « Les mésaventures du groupe Philosophies », La Revue des Revues, n° 3, 1987.

* La liberté de l’Esprit. Visages de la Résistance, La Manufacture, 1987.

* V. Fay, La Flamme et la cendre  ; histoire d’une vie militante, Presses universitaire Vincennes, 1989.

* P. Durand, Danielle Casanova l’indomptable, Messidor, 1990.

* Michel Politzer [fils du couple Politzer], Les trois morts de Georges Politzer, récit, éditions Flammarion.


Nicole Racine

"Jacques Solomon", par Nicole Racine (2010)

Jacques SOLOMON 

Né le 4 février 1908 à Paris (XVIIIe arr.), fusillé comme otage le 23 mai 1942 au Mont-Valérien à Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; physicien ; membre du Parti communiste (1934-1942).


Jacques Solomon
Association des familles de fusillés (MRN).

Fils du docteur Iser Solomon, radiologue des hôpitaux de Paris, et d’Alice Habib, arrêtée en mars 1943, déportée à Lublin-Maïdanek, après des études au lycée Rollin, Jacques Solomon, continuant la tradition familiale, entreprit des études médicales et devint externe des hôpitaux de Paris (1928-1929) ; attiré aussi par les sciences physiques, il obtint la licence en 1927. À Pâques de cette année-là, il rencontra Paul Langevin au congrès de l’Association française pour l’avancement des sciences à Constantine où l’avait emmené son père. « L’insatiable curiosité d’esprit de Jacques m’avait frappé », écrivit Langevin. En juillet 1929, Jacques Solomon épousa Hélène Langevin* et s’installa auprès de son beau-père, rue Vauquelin.

Il abandonna la préparation du concours de l’internat pour se consacrer à la physique théorique. Il soutint sa thèse de doctorat ès sciences, L’électrodynamique et la théorie des quanta, en octobre 1931, devant un jury présidé par Jean Perrin*. Nommé boursier de la Fondation Rockefeller en 1931-1932, il travailla à Copenhague sous la direction du physicien danois, Niels Bohr et à Zurich puis séjourna à Berlin en 1932-1933 où il assista à l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Il poursuivit ses travaux sur la théorie des quanta et aborda la théorie des phénomènes nucléaires.

Après son service militaire dans l’administration des services de Santé, Jacques Solomon fut nommé chargé de recherches à la Caisse nationale des sciences (1934-1937). Il publia ses travaux sur la mécanique quantique dans le Journal de Physique (1934-1935), sur la Théorie du passage des rayons cosmiques à travers la lumière (1936). En 1937-1938, il fut chargé du cours de la Fondation Peccot au Collège de France, et en 1939, fit paraître ses leçons, Protons, neutrons, neutrinos. Le Conseil Solvay lui confia, pour le congrès de 1939, le rapport sur le noyau atomique.

Parallèlement à son activité de chercheur, Jacques Solomon milita au Parti communiste. Il y adhéra en août 1934, au retour d’un séjour en Allemagne, et devint membre de la cellule 426-428 du Ve arrondissement dont André Parinaud était le secrétaire ; en 1935-1936 il devint, avec ce dernier, secrétaire du rayon. Il participa à la campagne qui aboutit le 12 mai 1935 à la victoire de Paul Rivet comme candidat unique de la gauche aux élections municipales dans le quartier Saint-Victor. Selon A. Parinaud, Jacques Solomon et lui-même furent chargés par le parti de convaincre le candidat communiste Émile Nédelec de se retirer au second tour en faveur d’un candidat plus à même de faire l’union sur son nom ; il fut également chargé de convaincre P. Langevin de se présenter, puis après le refus de celui-ci, de solliciter Paul Rivet. Il fut membre du comité de la région Paris-Ville dès sa création.

Jacques Solomon milita aussi à l’Internationale des travailleurs de l’enseignement (ITE) et la représenta le 25 avril 1937 à Barcelone avec Pierre George*. Il se préoccupa du développement et de la politique de la recherche (« Pour le libre développement de la science », Cahiers du bolchevisme, octobre 1938). Il donna à La Vie ouvrière un billet hebdomadaire sur les problèmes économiques.

Jacques Solomon assista au congrès du Parti communiste en janvier 1936, à Villeurbanne. Après la victoire du Front populaire, il fut envoyé à Londres par Jacques Duclos pour y étudier, selon le témoignage d’A. Parinaud, le système fiscal anglais ; il y rencontra le dirigeant communiste Harry Pollitt. En 1937, il participa aux Journées françaises pour la paix et l’amitié avec l’URSS, avec un exposé sur « L’industrialisation soviétique et son développement actuel ».

Jacques Solomon enseigna à l’Université ouvrière constituée en 1932. En 1935, Étienne Fajon, responsable des écoles du parti, s’assura la collaboration de Georges Politzer et de Solomon ; celui-ci eut en 1937 la responsabilité de l’enseignement de l’économie politique à l’école centrale d’Arcueil.

Il collabora aux Cahiers du bolchevisme auxquels il donna des études consacrées non seulement aux problèmes scientifiques mais encore aux questions économiques et sociales ; en janvier-février 1938, il y publia des « Remarques sur la main tendue » fondées sur le matérialisme historique.

En 1938-1939, Georges Politzer et Jacques Solomon revinrent à une réflexion plus philosophique ; ils traduisirent ainsi pour leur propre compte La dialectique de la nature d’Engels ; selon l’expression de Jean Milhau, leurs efforts tendirent à « faire du matérialisme dialectique un pôle d’attraction du rationalisme scientifique » (la Pensée, mai-juin 1979). Le PCF, soucieux de montrer l’enracinement du marxisme dans la tradition matérialiste et rationaliste française, les y invitait. Cette préoccupation se retrouve en effet dans l’étude « La pensée française des origines à la Révolution » que Solomon avait presque achevée en 1939 et qui fut éditée d’après ses notes après la Libération, ainsi que dans son article des Cahiers du bolchevisme sur le matérialisme français du XVIIIe siècle. À l’occasion du 150e anniversaire de la Révolution française, il publia également des études sur les finances de la Révolution (Cahiers du bolchevisme, juillet 1939) et sur la politique scientifique (Commune, août 1939). Jacques Solomon fit partie du Groupe d’études matérialistes qui se réunissait autour de Paul Langevin, rue Vauquelin ; il appartint à l’équipe qui lança La Pensée, revue du rationalisme moderne (n° 1, juin 1939), dans laquelle il tint la chronique « La nature et la technique ». Il collabora aux pages culturelles de l’Humanité en 1938-1939 (rubrique « Les Sciences »).

Après Munich, il fut un des secrétaires de l’Union des intellectuels français pour la justice, la liberté et la paix (UDIF), créée pour s’opposer à l’esprit munichois, qu’il présenta dans Commune (janvier 1939) comme un rassemblement, au-dessus des partis, des intellectuels de toutes opinions.

Mobilisé en 1939-1940 dans les services de santé (il fut gestionnaire d’un hôpital militaire de Rouen), replié successivement à Courseulles (Calvados) puis à Agen d’où il fut démobilisé à la fin juillet, il dut attendre un mois pour regagner Paris (Paul Langevin, « Visage de Jacques Solomon »). On ne trouve pas trace du rôle qu’aurait joué Jacques Solomon dans la transmission des propositions du PCF pour la défense de Paris, le 6 juin 1940, comme intermédiaire entre Politzer et le ministre A. de Monzie. Aragon a évoqué ce rôle de J. Solomon dans la première version des Communistes (1951) en lui prêtant les traits d’un personnage fictif, Philippe Bormann ; dans la nouvelle version du roman (1966-1967), il lui rendit son identité.

En septembre-octobre 1940, en contact avec Politzer qui avait la liaison avec la direction clandestine du parti, Jacques Solomon chercha à toucher et à organiser les universitaires. Pierre Villon qui faisait l’intermédiaire entre la direction et Politzer, a rappelé qu’à la veille de son arrestation, le 8 octobre, il avait discuté avec Politzer, Solomon et Jacques Decour, le projet d’un journal destiné aux universitaires, le futur Université libre. J. Solomon s’attacha à nouer des contacts dans les milieux enseignants, animé, selon les témoins, par un esprit Front national avant la lettre. Son action, comme celle de Politzer et de Decour, rassembla essentiellement des intellectuels communistes ou communisants, et permit les regroupements futurs. 

Après l’arrestation de P. Langevin par les Allemands, le 30 octobre 1940, Jacques Solomon anima avec G. Politzer et F. Holweck le mouvement de protestation qui se traduisit par des manifestations d’étudiants et de professeurs devant le Collège de France les 5 et 8 novembre. Avec sa femme, il entra dans la clandestinité sous le pseudonyme de Jacques Pinel. Il fut, avec Politzer, un des principaux rédacteurs des premiers numéros de L’Université libre, sortis clandestinement en novembre 1940, après l’arrestation de Langevin et les manifestations du 11 novembre, et dénonçant l’« obscurantisme » et l’antisémitisme de Vichy. 

Il collabora à la revue La Pensée libre, créée pour prendre la suite de La Pensée de 1939 et dont le premier numéro sortit clandestinement en février 1941. Peu après l’arrestation de G. Politzer, J. Solomon fut arrêté par les brigades spéciales, le 2 mars 1942, dans un café parisien où il tenait une réunion de travail pour L’Université libre avec le docteur J. Bauer, arrêté en même temps que lui.

Interné au dépôt jusqu’au 20 mars, à la prison du Cherche-Midi jusqu’au 11 mai puis à la Santé, il fut remis aux Allemands et fusillé comme otage, le 23 mai 1942 au Mont-Valérien, à l’âge de 34 ans, le même jour que G. Politzer et Jean-Claude Bauer. En 1951, un certificat d’appartenance à la Résistance, au titre du Front national, lui fut accordé avec le grade posthume de commandant, après le rapport du liquidateur du mouvement. La commission nationale des déportés et internés résistants lui refusa, pour les mêmes raisons qu’à Georges Politzer, le titre d’interné résistant, ne retenant que celui d’interné politique. En juillet 1956, la commission revint sur sa décision et le ministère des Anciens combattants attribua à Jacques Solomon, comme il l’avait fait pour Politzer, le titre d’interné-résistant.

Jacques Duclos rapporte dans ses Mémoires que, le 26 septembre 1944, il reçut, au siège du parti, l’adhésion de Paul Langevin qui lui déclara prendre la place de son gendre.


ŒUVRE CHOISIE :

* Les problèmes du marché et la politique commerciale, cours d’économie politique daté du 20 mai 1938, 41 p. (BMP).

* Le capital financier et l’oligarchie financière en France, cours d’économie politique daté du 20 mai 1938, 34 p. (BMP).

* L’État et la vie économique, cours d’économie politique daté du 16 juin 1938, 39 p. (BMP). —

* La pensée française des origines à la Révolution, Union française universitaire, 1947, 51 p.
Sources


SOURCES :

* DAVCC, Caen.

* Arch. Nat. Cour de justice de la Seine Z 6-119, n° 1727.

* Arch. Ministère des Anciens Combattants.

* Arch. du Comité d’histoire de la Seconde Guerre mondiale, AN 72AJ57.

* RGASPI, 517, 1, 1909.


* Deux savants morts pour la France : Fernand Holweck, 1890-1941, Jacques Solomon, 1908-1942, comités de l’Université de Paris du Front national, 1943.

* J. G. « Jacques Solomon » la Pensée, n° 1, octobre-décembre 1944.

* Paul Langevin, « Visage de Jacques Solomon », in J. Solomon, La pensée française des origines à la Révolution, Union française universitaire, 1947.

* G. Fournier, « Solomon, un homme des sommets », Lettres françaises, 24 mai 1951.

* À la mémoire de quinze savants français lauréats de l’Institut assassinés par les Allemands 1940-1945, 1959.

* Jacques Duclos, « Hommage à Politzer, Decour, Solomon », Nouvelle critique, n° 67, juillet-août 1955 ; Mémoires, Fayard, t. II. 1935-1939. Aux jours ensoleillés du Front populaire, 1969. t. III.

* Dans la bataille clandestine. 1. 1940-1942 ; 2. 1943-1945, 1970.

* « À la mémoire de Jacques Solomon », la Pensée, août 1965.

* Germaine Willard, « XXXe anniversaire J. Decour, G. Politzer, J. Solomon », id., mai-juin 1972.

* Fr. Hincker, « Une génération d’intellectuels mêlée aux combats populaires », Cahiers du communisme, juin 1972.

* A. Parinaud, « Jacques Solomon, militant du Ve arrondissement », CIMT, mai-juillet 1972 [Icon.].

* Marie-Elisa Nordmann-Cohen, « Naissance de l’Université libre » in P. Delanoue, Les enseignants. La lutte syndicale du Front populaire à la Libération, Éd. sociales, 1973.

* R. Gaucher, Histoire secrète du Parti communiste français (1920-1974), Albin Michel, 1974.

* Georges Cogniot, Parti pris, t. I., Paris, 1976.

* P. Villon, Résistant de la première heure, Éd. Sociales, 1983.

* Dominique Pestre, Physique et physiciens en France : 1918-1940, Arch. contemporaines, 1984.

* Nicole Racine-Furlaud, « L’Université libre. 1940-1941 » in Les communistes français de Munich à Châteaubriant (1938-1941), PFNSP, 1987.

Note de Jacques Girault.


Iconographie

ICONOGRAPHIE : A. Parinaud, « Jacques Solomon, militant du Ve arrondissement », CIMT, mai-juillet 1972 [Icon.].

 Nicole Racine

dimanche 27 novembre 2016

"Symphonie transfigurée", par Paul-Gilbert Langevin (1966-1968)

Symphonie transfigurée est un récit dramatique en quatre mouvements et deux époques, écrit par le musicologue Paul-Gilbert Langevin entre 1966 et 1968, destiné à l'adaptation cinématographique, et resté inédit.

Préface à propos de l'auteur par lui-même

"On éprouvera peut-être quelque difficulté à classer le présent drame au sein d'un genre littéraire nettement défini. De toute évidence, il est destiné à une adaptation visuelle: les tableaux, décrits avec minutie, l'action mouvementée, le cadre constamment changeant imposent une réalisation soit cinématographique, soit télévisée. Cependant, par l'importance donnée aux dialogues, par le détail du récit, par ses proportions mêmes, l'œuvre dépasse largement le cadre d'un simple scénario ; il ne s'agit pas non plus d'une pièce théâtrale, car la très large place faite à la musique, non seulement dans l'accompagnement sonore, mais dans l'action - laquelle comporte de nombreuses séquences où le rôle principal est dévolu à un orchestre symphonique - exclut toute représentation scénique. Le sous-titre de "drame romantique" ne peut suffire à caractériser l'ouvrage que si l'on veut bien admettre le terme de "romantique", non dans le sens restreint de "peinture de soi-même", mais dans le sens le plus large, associant au concept de "confession" celui de "contemplation". L'une et l'autre s'y trouvent, en effet, intimement mêlées. Confession, ce récit l'est bien car il transpose, en l'idéalisant, une expérience vécue par l'auteur : la révélation de la Beauté par la musique, et de celle-ci par la vision d'un enfant, d'un jeune chef d'orchestre en qui elle lui parut tout-à-coup incarnée. Bien qu'il soit impossible de le nommer ici, tous ceux qui l'ont connu à l'époque de sa jeune gloire l'identifieront facilement.

Contemplation? Afin de comprendre quelle place tient cette donnée dans la pièce, il semble utile de connaître, au moins dans ses grandes lignes, la biographie de l'auteur. Né près de Paris en 1933, Paul-Gilbert Langevin eut le privilège de grandir auprès d'un père célèbre, mais ressentit dès l'adolescence la nécessité de s'affranchir d'une tradition familiale à l'intérieur de laquelle il ne se sentait pas en mesure d'affirmer sa personnalité. Quand intervient, en 1951, l'évènement décisif relaté plus haut, le jeune homme se rend compte de la place que tiendra désormais la musique dans sa vie ; il poursuit cependant des études scientifiques, car il ne peut se résoudre à l'insécurité d'une carrière artistique, et craint que les contraintes d'un semblable métier ne tarissent rapidement l'enthousiasme de la découverte.

Il sera musicien, oui, mais autodidacte, et se lance, avec une avidité d'autant plus grande qu'elle se place à une période d'intense curiosité intellectuelle, à la découverte de la musique, ne perdant aucune occasion d'entendre des concerts et de se familiariser avec la vie des grands compositeurs. Ses préférences vont d'emblée à l'époque romantique, qu'il cherche à étudier plus en détail que ne le permet le répertoire des orchestres parisiens, et il trouve dans le disque la source de documentation que le concert lui refuse. Il éprouve, en 1952, une nouvelle et intense émotion artistique avec l'audition (radiophonique) de la Symphonie nº 7 de Bruckner, et décide aussitôt d'intervenir activement en faveur de la connaissance de ce grand musicien, puis de l'ensemble des symphonistes européens de la fin du dix-neuvième siècle et du début du vingtième, époque qu'il en vient à considérer comme la période-clé de l'histoire musicale des temps modernes. C'est aller résolument à contre-courant des tendances actuelles, essentiellement orientées soit vers la musique ancienne et baroque, soit vers les recherches contemporaines qui ne font plus aucune part à la sensibilité.

Mais Langevin tient à défendre ses convictions : il présente d'abord des auditions commentées pour des cercles de jeunes, puis fonde en 1957 une association, "L'Harmonie du Monde", par le truchement de laquelle il ambitionne de promouvoir, selon ses propres termes, une "rénovation profonde du répertoire musical français": l'introduction des œuvres de Bruckner doit en constituer la première étape. Au bout de dix ans d'efforts, et en dépit de succès indéniables mais sporadiques, ce programme est loin d'être accompli, car il faut compter avec l'inertie des organismes "para-musicaux" auxquels le courageux animateur a eu souvent recours en vain et contre lesquels il conserve une secrète rancune, dont on trouvera la trace dans le présent récit. Dans le même temps, Paul-Gilbert Langevin n'a cessé de nourrir le projet de faire lui-même œuvre de compositeur, mais n'a réalisé que très imparfaitement cette ambition, faute du temps et des fondements techniques indispensables. Ses premiers essais remontent à 1954 avec des pièces pour piano et une grande ballade chantée, 'L'aube poétique", sur un texte alors inédit de Rainer Maria Rilke. A ce jour, l'essentiel de sa production est constitué par les esquisses non instrumentées de trois Symphonies et d'un vaste Concerto symphonique pour piano, orchestre et orgue. Quel sort pourrait être réservé à ces œuvres si elles étaient menées à leur complète réalisation? Le climat intensément romantique dans lequel elles baignent, un romantisme d'ailleurs dépourvu de toute mièvrerie et qui n'exclut pas de grands accents d'intensité, ne manquerait pas de s'opposer à leur acceptation comme partie intégrante du répertoire contemporain. Il faudrait, pour les admettre, faire abstraction de toute la musique écrite depuis près d'un siècle ; mais cela est-il possible ailleurs qu'au cinéma?

On en comprendra mieux la source si l'on sait que l'auteur passe dans les Alpes la plupart de ses vacances, afin de retrouver dans les longues courses et dans la contemplation des sommets la paix intérieure qui fait si gravement défaut au monde où nous vivons. Montagne et musique, en réalité, sont pour lui indissociables, et se complètent comme les deux plus pures sources de joie spirituelle. Ainsi s'éclairent mieux les motivations profondes de la pièce que l'on va lire, et de la Symphonie dont elle emprunte le titre. Devant cette quête d'une image fugitive élevée à la valeur d'un symbole, comment ne pas évoquer Manfred, cet autre héros romantique et alpestre, surtout si l'on sait que l'ouvrage fut écrit au pays même qu'illustrèrent Lord Byron et Robert Schumann. On ne saurait donc s'étonner que le point culminant du drame se situe précisément dans le long épisode montagnard ("Adagio") où, par la voix de son héros, l'auteur nous livre non seulement la clé de son œuvre, mais l'essentiel d'une pensée généreuse mise toute entière au service de l'Art."
  • P.G.L.

Composition de l'ouvrage

  • Dédicace:
"Pour Roberto, sans qui ce drame n'eût pas été vécu,
Et pour Monique, sans qui il n'eût pas été écrit."
(Le prénom de Roberto cité par l'auteur fait référence au chef d'orchestre Roberto Benzi.)
  • Préface
  • Avertissement
  • Première époque
Allegro moderato: Premier acte (Franz, Budapest, février 1923), Deuxième acte (Miklos, Vienne (Autriche), février 1923), Troisième acte (La Tournée, Vienne (Autriche), février-avril 1923)
Scherzo: Quatrième acte (Le Duel, Lac Balaton, mai 1923, Budapest, Vienne (Autriche), 1924)
  • Deuxième époque
Adagio: Cinquième acte (L'Exil, Saas-Fee, 1924 à 1932), Sixième acte (L'Age mûr, Saas-Fee, 1932 à 1935)
Finale: Septième acte (La Mission d'Alexis, Budapest, octobre 1935), Huitième acte (L'Apothéose, Saas-Fee, octobre 1935, Budapest, janvier 1936)
  • Note à l'intention de messieurs les cinéastes
  • Index des œuvres musicales intervenant au cours de l'action
  • Index des personnages
  • Table des matières

Personnages fictifs

1)
  • Nagy Lorenczik, premier ministre hongrois.
  • Un parlementaire hongrois.
  • Nicolaï Markov, ministre hongrois des Finances (l'intendant).
  • Huissiers et chauffeurs attachés au Parlement de Budapest.
  • Un violoniste et des danseurs tziganes.
  • Franz Lorenczik, fils du Premier Ministre.
  • Elvire Lorenczik, son épouse.
  • Mario Stromboni, organisateur de spectacles italien.
  • Les habitués de l'Hôtel de la Présidence (Palais Lorenczik).
  • Un domestique de la même maison.
  • Alexis Lorenczik, fils de Franz et d'Elvire.
  • Membres d'une commission près du Ministère de l'Industrie de Vienne.
  • Emil Steinberg, ministre autrichien de l'Industrie, ami des Lorenczik.
  • Irène Horvath-Lorenczik, célèbre cantatrice hongroise
    • femme de Nagy et mère de Franz, morte en 1916 (intervient rétrospectivement).
  • Miklos Simandly, jeune chef d'orchestre hongrois.
  • Le public, la caissière, le directeur du Wiener Konzerthaus.
  • Serge Meyerhoff, organisateur de concerts viennois.
  • Cornelius Van Hilck, professeur et critique viennois.
  • Robert Schulz, jeune critique musical viennois.
  • Richard Simandly, pianiste hongrois, père de Miklos.
  • Son Excellence l'Ambassadeur de Hongrie à Vienne.
  • Colonel Petöfi, chef des services secrets de l'Ambassade.
  • Un huissier, des invités de l'Ambassade.
2)
  • Un valet de chambre d'hôtel à Vienne.
  • Une paysanne sur la rive du lac Balaton.
  • Adèle Simandly, viennoise, femme de Richard, mère de Miklos.
  • Matthias Garmös, secrétaire particulier de Franz.
  • Un mécanicien d'aviation.
  • Boris Erszenyi, ami d'enfance de Franz mort en 1917 (rétrospectif).
3)
  • Hermann Heiderli, conseiller fédéral suisse, maire de Brig.
  • Peter Rieder, cultivateur à Saas-Fee.
  • Madame Rieder, son épouse.
  • L'abbé Brantschen (nom authentique), curé de Saas-Fee.
  • L'Organiste de Saas-Fee.
  • Karl Rieder, fils de Mr et Mme Rieder, guide de montagne.
  • Les frères Veresz, excursionnistes hongrois.
  • Une cordée d'alpinistes italiens, dont un médecin.
  • Tristan, chien Saint-Bernard de Franz.
  • Une équipe de géomètres-métreurs, une équipe d'ouvriers-terrassiers.
  • Un médecin suisse, un conducteur de voiture postale.
4)
  • Maria Tiszay, cantatrice de l'Opéra de Budapest, fiancée de Miklos.
  • Andrej Plotzky, basse yougoslave interprétant le Faust de Busoni.
  • Un jeune choriste de l'Opéra, camarade d'Alexis Lorenczik.
  • Le directeur et le régisseur de l'Opéra.
  • Les corps diplomatiques italien, autrichien et allemand à Budapest.
  • Le docteur Poudovkine, médecin russe.

Noms historiques cités


Index des œuvres musicales


Références

  • Paul-Gilbert Langevin, Symphonie Transfigurée, récit dramatique en quatre mouvements et deux époques, destiné à l'adaptation cinématographique, inédit, 1966-1968.


Voir aussi